Ludivine Sagnier
NOTE D’INTENTION
Janvier 2020. Le barrage a cédé. La parole est lâchée.
L’ère #metoo a libéré les Françaises. Les langues se délient autour de moi. Les vérités s’assènent enfin. Les points de vue s’assument du coté des victimes. Je suis une sur deux, peu importe laquelle. Kouchner, Foïs, Springora, autant de témoignages dont je m’abreuve, tant il est important de se rassurer. Sur la similitude des histoires, sur celle des procédés des prédateurs. Qui manient avec tant d’habileté cette notion volatile qu’est le consentement. Vanessa Springora la place au cœur de son récit. Cette matière première mobile, frêle, supposément protectrice, mais qui se voit souillée, rabattue, écrasée, négligée à la moindre occasion. Ce consentement, ce rempart si fragile de la femme, de la jeune fille, du jeune garçon, cette promesse non tenue de la vie, cette frontière piétinée, à la guise d’un plus grand, d’un plus puissant. C’est cette matière que je veux explorer, exprimer, revaloriser, et partager bien sûr.
La musique organique de Dan Lévy accompagne justement ce parcours douloureux tandis que la présence sur le plateau du batteur Pierre Belleville renforce l’exploration intime des états de Vanessa.
Avec Sébastien Davis, avec qui j’ai crée la section Acteurs/Actrices de l’école Kourtrajmé à Montfermeil dans le 93, qui rebat la notion d’égalité des chances, nous questionnons la centralisation de la culture et de la formation artistique en France. Lorsqu’il m’a proposé cette adaptation du « Consentement », j’ai su que notre complicité et notre exigence mutuelle sauraient trouver la justesse pour soutenir ce projet et lui faire honneur.
Ludivine Sagnier